le point sur la circulation interfile.

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il y a 9 ans 3 mois #24435 par passepoil
le point sur la circulation interfile. a été créé par passepoil
Voilà tous les keum's adhérents à la FFMC sont sûrement au courant pour les autres, sachez que la FFMC n'est pas là uniquement de vous pour faire du nombre quand ils organisent des manifestations.

Alors prenez votre carte de membre, c'est le début de l'année.... :whistle:


Bon, je vois que ce sujet nécessite encore quelques explications :

D’abord, même si les pouvoirs publics parlent « d’expérimentation », il s’agit en fait d’une observation qui leur permettra de mieux renseigner scientifiquement et statistiquement la pratique de l’interfiles qui reste très mal connue de tous ces spécialistes en sécurité routière dont la plupart n’ont jamais mis leurs fesses sur une moto, mais aussi qui ne comprennent pas pourquoi des gens s’évertuent à rouler en 2RM tellement ça leur paraît dangereux, voire totalement inconscient.

Donc, pendant quatre ans à partir de fin 2015, ils vont observer la pratique : ils vont mesurer les vitesses pratiquées (pas forcément à des fin de verbalisation, c’est pas les mêmes radars que ceux qui prunent qui seront utilisés), ils vont compter les 2RM dans le trafic, ils vont s’efforcer de distinguer les différentes types de 2RM, ils vont comparer les pratiques d’une agglomération à une autre, étudier finement l‘accidentalité survenue en pratique d’interfiles, etc…). Ca peut paraître incroyable, mais hors des bilans de la préf’ de police de Paris qui s’occupe du périphérique parisien, les instances en SR ne disposent actuellement pas de ressources documentées sur la pratique de l’interfiles des 2RM en France.



Petit rappel historique pour comprendre comment nous en sommes arrivés là :

Lors de la concertation nationale sur le 2RM qui s’est déroulée de 2009 à 2011 et à laquelle la FFMC a activement participé (avec l’AFDM et l’AMDM), les motophobes remettaient constamment la question des remontées de files des motos sur le tapis, en criant au danger, à l’inconscience, au « stress » subi par les automobilistes, avec l’incontournable exemple du « motard qui vous double à 200 et qui vous pète le rétro si vous ne vous êtes pas poussé assez vite, pauvre automobiliste victime de ces voyous ».

Nous, on répondait que d’après les chiffres d’accidents mortels de 2RM sur le périph’ où se pratique massivement l’interfile, y’avait finalement pas de problème puisqu’on était à environ 0 à 6 morts par an pour 380 millions de véhicules/an. Débats habituels, en somme… sauf que dans le même temps, un commandant de police parisien a voulu faire du zèle et les flics se sont mis à verbaliser massivement des motards en interfiles, soit par des verbalisations à la volée depuis des bagnoles de flics banalisées, soit par des souricières avec cars de flics et une trentaine de 2RM par « prise ». Le résultat, pour les motards verbalisés, c’était 3 PV à 2 points, soit 6 points retirés d’un coup ! Au SN de la FFMC, on avait des appels tous les jours de mecs qui s’étaient fait pruner. On a protesté à la Concertation 2RM qui suivait son cours et puis comme ça continuait, on piqué une colère et menacé de claquer la porte. On l’a d’ailleurs claqué en mars 2011 et la déléguée interministérielle SR de l’époque, Michèle Merli, nous a rattrapé de justesse.

Madame Merli a donc décidé de faire le point sur l’interfiles et elle a demandé à des chercheurs de l’IFSTTAR de réaliser une étude en situation, ce qui a été fait et bien fait avec un programme de recherche piloté par Stéphane Espié (motard !) qui a finalement démontré ce qu’on disait depuis longtemps : pratiquée raisonnablement, l’interfiles comporte des risques, mais moins que de ne pas la pratiquer en trafic dense et dans ce cas, les pratiquants sont hyper-vigilants… ils en deviennent même des « super-conducteurs » capables d’anticiper et de détecter des dangers qu’un automobiliste ne soupçonnerait même pas.



Surtout, la FFMC demandait que la pratique soit légalisée afin de l’enseigner aux apprentis conducteurs de tous les permis… et on nous répondait qu’il était impossible d’enseigner (donc d’intégrer dans les contenus officiels de formation) une pratique « illégale ». Alors nous avons dit : « légalisez-là, la balle est dans votre camp ! »



Face à ces évidences, Madame Merli a proposé la mise en place d’un groupe de travail (GT) sur la question qui serait piloté par le préfet Régis Guyot, auteur du Rapport Guyot sur la SR des 2RM paru en 2008.

Dans ce GT, il y avait la FFMC, 40 MA, l’IFSTTAR, le CERTU, la DSCR, des fonctionnaires des réseaux routiers, les assureurs (Gema –via l’AMDM et FFSA), des représentants des autoroutes, la Fédération des 2RM (asso qui devait concurrencer la FFMC, mais sortie du paysage depuis faute d’adhérents et de dossiers travaillés) et les forces de l’ordre (FDO, police et gendarmerie). Parmi les invités à ce GT, il y a eu des journalistes, des chercheurs, des experts en SR, des constructeurs de motos, des fonctionnaires ministériels…

A la FFMC, nous n’arrivions pas avec rien vu la somme de documents, de synthèses, d’études, de données de la Mut’ et même de dépliants FFMC collectés et travaillés depuis des années… bref, nous étions de très loin les plus avancés sur la question, grâce à l’immense travail réalisé par des centaines de militants avant nous et aussi, grâce à l’incroyable connaissance et mémoire d’Eric Thiollier sur ce domaine.



Au cours de ce GT qui s’est réuni presque tous les 15 jours de janvier à juin 2012, tout a été mis sur la table et discuté, notamment la pratique de l’interfiles telle que nous la pratiquons, avec le souci de proposer d’établir un protocole le plus proche de la pratique réelle, en modifiant le moins possible le Code de la route.

D’entrée, nous nous sommes arrangés pour qu’on ne parle plus de « remontée de file », terme pouvant impliquer une sur-vitesse et une volonté de dépasser tout le monde et nous avons imposé le terme « circulation en interfiles » qui implique davantage un placement en décalé par rapport aux autos qui nous permettait ensuite d’illustrer la nécessité de voir loin et de pouvoir freiner ou ré-accélerer en cas de surprise.

D’entrée, on a établi qu’on ne parlait que des voies express (rocades, périph’, autoroutes, voies rapides) où il n’y a pas de carrefours, pas de piétons, pas de cyclistes, pas de charrettes à bras et de double-sens de circulation).

D’entrée, on a été d’accord pour situer l’interfile entre les voies les plus à gauche, donc les plus rapides, là où il y a le moins de « cisaillements » (entrées, sorties), là où les automobilistes sont habitués à nous trouver et aussi pour sanctuariser la BAU dont la fonction sert à la circulation des secours et au dégagement inopiné de véhicules en détresse. Donc, pas de remontée de 2RM sur BAU.



La question du « différentiel » de vitesse a été évacué assez vite : trop subjectif (différence entre qui et qui, avec la voie de droite, de gauche, devant, derrière ?) d’autant que ça n’est pas mesurable pour les FDO.

Nous avons débattu d’une vitesse maxi en situation d’interfiles en trafic dense, quand les bagnoles sont à l’arrêt ou presque… déjà, l’étude IFSTTAR de S. Espié révélait que dans ces circonstances, la vitesse maxi des 2RM était d’environ 35 km/h, avec un différentiel n’excédant pas 15 km/h entre 2RM et bagnoles. Dans le paquet des débat planait aussi la question d’un équipement de protection peut-être obligatoire en échange de l’interfiles (ce qui n’a finalement pas été le pas, notamment par la résistance de la FFMC opposée à des obligations) et il a été établi que l’équipement protégeait surtout en deçà de 50 km/h et qu’au-dessus de 50 km/h, la résistance biomécanique humaine était dépassée.

Puisqu’il fallait donc statuer sur une vitesse maxi « mesurable » pour les FDO, on a proposé 50 km/h (en accord entre toutes les parties représentants les motards) en se disant que les technocrates, les réglementeurs et les non-motards tenteraient certainement de négocier à plus bas que ça… et puis non, ils ont accepté le 50 à l’heure et même les flics motards participants à ce GT ont dit que c’était raisonnable et réaliste.



A partir de là, chacun fera comme il voudra… la verbalisation de face depuis un pont (radar mobile) ne sera pas possible (pas d’identification) et par derrière, ça ne va pas être simple vu qu’en interfiles, on est souvent dans un « train » de 2RM. Si le trafic est dense, nécessitant l’interfile pour les 2RM, mais que ce trafic roule à 70 – 80 km/h (ça arrive souvent), bin on fera comme on fait déjà maintenant : on chouffe partout pour voir si y’a du flic ou du radar dans les parages…. Ne vous inquiétez pas, on n’aura pas un flic derrière chaque motard, même les représentants des FDO le disent.

Et puis entre-nous, si l’idée d’une vitesse maxi (en cas d’interfile) fixée à 50 km/h peut permettre d’en inciter quelques-uns à se calmer un peu, ce serait pas mal, non ? Pratiquant moi-même l’interfiles tous les jours, je peste quand je vois certains débouler à grand-coups de gaz et me sucer la roue à moins d’un mètre derrière moi. Ceux-là, c’est typiquement ceux dont on nous fait le reproche à nous tous dès qu’on parle de SR des motos en général.



Bref, on va s’adapter… de toute façon, rouler en interfiles, c’est déjà une adaptation a des conditions de circulation anormales… quant à faire de l’interfiles entre 90 et 140 km/h, je laisse à chacun de vous de juger si c’est vraiment indispensable… ou alors, c’est qu’on doit être vachement pressé d’arriver !



Derniers détails : dans ce GT, nous avons aussi parlé de la signalisation et la manière de se signaler… finalement, considérant que le plein phare éblouit tout le monde et empêche de situer une moto et d’établir quelle est sa vitesse d’approche, considérant que toutes les motos ne sont pas forcément équipés de warning, nous avons finalement établi qu’une moto se plaçant en interfile mettait son clignotant pour signaler sa manœuvre, l’éteignait durant l’interfile et le remettait pour quitter l’interfile en rejoignant une voie « normale « de circulation. La question des feux anti-brouillard est apparue après (hors GT), sans doute ajoutée par un crâne d’œuf qui a voulu faire genre celui qui s’y connaît parce qu’il a vu ça sur la Gold de son beau-frère et de celle de son moto-taxi… on s’en fout : si on n’a pas d’anti-brouillards sur sa meule, on ne les allume pas épicétou !

Au final, les termes de cette expérimentation officielle sont conformes aux débats auxquels nous avons participé. Il n’y a pas eu de coups en vaches, ni de mauvaises surprises et le préfet Guyot a parfaitement saisi et respecté l’esprit que nous défendions.



Je termine en rappelant que nous avons toujours communiqué sur ce que nous faisions dans ce GT qui date de 2012 (et qui faisait suite à la concertation nationale sur les 2RM), que nous avons été à la disposition de vous tous aux Assises, aux JTI, dans les CDR, dans les antennes et par courriels aussi bien qu’au téléphone, sans oublier les liens avec Motomag, pour répondre à toutes les questions qui se sont posées sur ce problème de l’interfiles.



On a fait au mieux pour vous représenter, on l’a fait face à des gens et à des instances qui nous sont rarement favorables en général, on l’a fait avec les moyens qui étaient les nôtres et avec votre soutien de militants sans lesquels la FFMC n’existerait sûrement pas. Nous aurions pu aussi continuer à nous contenter de la tolérance existante sur l’interfile, sauf que cette tolérance devenait de plus en plus menacée et que le besoin de formation se fait de plus en plus prégnant vu le nombre d’automobilistes qui passent au scooter et qui pratiquent l’interfiles un peu à l’arrache, au détriment de leur sécurité et de notre tranquillité puisqu’ensuite, on vient nous reprocher le comportements de quelques-uns.



Voilà, j’espère avoir été le plus complet possible pour éclairer vos doutes et vos interrogations et en ce qui me concerne, je répondrai encore à tous ceux qui le souhaitent parce que je suis à votre service et à votre disposition.

Salut et fraternité,

Marco

Marc Bertrand

Chargé de mission sécurité routière

"La gloire n'est pas de ne jamais être tombé, mais de se relever après chaque chute" N.MANDELA via Dudule 38

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