Fuir à moto, Petite partie du Bugey

09 mars 2022.
 

Profiter d'une (trop) courte semaine de congés, profiter d'un passage éclair du soleil, profiter d'une batterie neuve installée et fuir.
Quelques bricoles vite préparées, enfilage des bottes et tenter de rentrer dans le blouson, la fermeture éclair prête à rendre l'âme.
Fuir cette morosité ambiante, fuir cette actualité pesante, fuir le vacarme des voisins qui gueulent sur leurs gosses.
Petit arrêt à la boulangerie du coin, masque oublié mais la boulangère, offrant son sourire, me pardonnera en me proposant sa formule à 7 brouzoufs contenant un sandwich long comme mon guidon, à en faire pâlir Buchef et capituler la SNCF, une boisson et un tiot dessert.
Petit sac sustentatoire  chargé, je prends d'assaut le col de Portes, route étroite, gravillons et quelques chevreuils intrigués ouvrent le bal. 

La descente sur Bénonces en mode équilibriste me mène jusque Serrières de Briord puis le village typique de Glandieu et sa magnifique cascade. Cette chute du Gland (ne s'agissant pas ici de chute d'organe mais d'eau) mérite le détour. En plein hiver, elle est pétrifiée de glace.
Avant que mon casse-dalle ne se pétrifie lui aussi, je m'installe sur un rocher, décapsule une rôteuse et surveille du coin de l'oeil ma galette aux amandes.
Profiter de la mélodie de l'eau qui dégringole, du chant du vent dans les arbres, la tranquilité enfin !
  
Sans laisser une miette à Buchef de mon sandwich de la mort qui tue, je reprends inlassablement la route vers la tristement célèbre maison d'Izieu, refuge d'enfants lors de la seconde guerre, raflés de ce havre de paix par des saigneurs assoiffés de délation jubilatoire malheureusement encore pratiquée de nos jours.
Par respect pour eux et leurs familles, aucune photo ne sera prise et je ne m'y attarde pas, le sang glacé. Ca fait aussi partie de l'histoire.
Le bitume qui file sous mes gommes me mène jusqu'à Culoz, au pied du col du grand Colombier.
Je suis scotché d'entrée par ce dénivelé incroyable, véritable mur portant les stigmates du dernier tour de France. Les derniers lacets s'enchainent, espacés d'à peine 10 mètres les uns des autres.

 
Le danger, il fallait slalomer entre les rochers échappés de la montagne et les troncs fraichement coupés des arbres arrachés à leurs racines et couchés sur le bitume.
A quelques tours de roues du sommet, la neige couvrant l'asphalte a eu raison de mon aventure, m'obligeant à faire demi-tour et m'empêchant de boucler ma boucle.
Retour à la maison dans un froid torride, fatigué, mais heureux, 190 bornes dans l'après midi.

 Et les voisins gueulent toujours.

 
 
 

continue comme ça t'est trop fort
la prose est innégalable
promis je ne publie plus rien

PATOCHE écrit:

Beau CR Xavier, comme d’habitude 

+1300  

Oui, beau compte-rendu, empreint de poésie naïve,  que l'on aime partager. Je croise aussi de temps en temps dans ces contrées françaises, quand je sors de mon état savoyard et bauju... et que je me rends dans mon Morvan familial.
Ce dimanche, avec la FFMC, nous encadrons la sortie des "toutes en moto", autour du lac du Bourget. (Virée en commun interdite à Lyon. ). Si la météo l'autorise .

Biz à tous, en espérant vous retrouver aux ODs 22.
Amitiés
Le Jojo des ODs rocamadouresques pour toi!
 

Merci Xavier pour ta prose et ton regard toujours affûté pour nous proposer de beaux clichés